Etape 9/11 - Zone critique : Lesvos - Kepa Tepe 

Type de document
journal de bord
Lieu·x
Athènes
Thématique·s
JUSTICE FONDAMENTALE / INTERNATIONALE
Date
octobre 2020
Auteur
Vincent Collet

D’une île à l’autre, de la vastitude de l’Océanie à la promiscuité de la Méditerranée, je me rends aux frontières de l’Europe, érigée en forteresse. Je veux saisir ce qu’est cette limite de notre territorialité supra-étatique. L’île de Lesvos : territoire hors-sol. De fait, puisque c’est sur le sol de cette porte d’entrée que des exilés du Moyen-Orient, de l’Afrique et de l’Asie posent pour la première fois le pied en Europe. Installés dans des camps. Enfin ce n’est pas si simple. Les camps ne sont pas hermétiques, les populations migrantes et locales se côtoient, se mélangent sur l’île, les relations sont multiples. Dans cet état intermédiaire, où l’espoir d’un départ vers le prochain pays de l’espace Schengen est ce qui est le plus partagé, de multiples besoins, savoirs et espoirs tentent de se déplier. Ce territoire riche d’une vie démultipliée peut-il parvenir à la catalyser ? 

Adib, traducteur

Adib est arrivé du Yemen en tant que demandeur d’asile en 2017. Traducteur pour les migrants arabophones qui continuent d’affluer sur l’île de Lesvos, il a décidé de rester sur l’île pour le moment, contrairement à la majorité de ceux qui obtiennent le précieux sésame. Depuis 2015, Lesvos est une des principales portes d’entrée en Europe. Suite à l’incendie du Camp de Moria en septembre 2020, les autorités grecques ont décidé de construire un seul camp fermé « Kepa Tepe » et de fermer tous les autres. C’est dans ce contexte que les cliniques et de nombreux services dédiés sont voués à la fermeture :

« Toute la dialectique du nouveau gouvernement grec a été de dire, sur une espèce de fond nationaliste : on ne fait rien pour les pauvres grecs, donc il n’y a pas de raison que des refugiés qui ont obtenu l’asile soient traités différemment.”