Etape 10/11 - Zone critique : Lesvos – Mytilène
En conversant avec Melinda, je saisis l’extrême difficulté des territoires devenus épicentres de politiques internationales défaillantes, à rétablir un équilibre économique et social et je m’interroge sur leurs possibilités. Peuvent-ils véritablement partager les ressources et intégrer les populations nouvelles ? Quelles sont leurs nécessités (besoins de financements, d’infrastructures, de ressources humaines) ? De quelle manière répartir ces ressources sur le territoire pour concilier le développement local et cette fonction d’avant-poste pour l’accueil de réfugiés, certainement encore pour de nombreuses années ? Comme à l’époque de la guerre froide où des territoires excentrés devenaient le théâtre de batailles idéologiques entre grandes puissances, Lesvos est devenu le théâtre de l’affrontement entre nationalistes et progressistes européens, réplique de l’affrontement entre Orban et le milliardaire Georges Soros, tête de turc des autorités illibérales en Hongrie et premier financeur de l’aide aux migrants dans les pays de primo-arrivants.
Beaucoup d’ONG tentent aujourd’hui de créer les conditions de rencontre entre les populations locales et les réfugiés sur l’île, notamment par la mise en place de lieux de croisement (nous nous rencontrons ce jour-là dans les nouveaux locaux d’Open Space, le local de l’ONG ouvert aux habitants). Seulement la défiance et le refus grandissent. Malgré les propositions de subventions aux projets portés par les populations locales qu’offre sa fondation, les locaux continuent d’accuser les ONG de créer et d'encourager le fameux « appel d’air » qui déstabilise l’île sans pouvoir trouver un nouveau modèle qui permette de trouver un nouvel équilibre.